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Un petit garçon de 3 ans se roule par terre au supermarché, pleure à chaudes larmes, inconsolable et incontrôlable. Il se débat, tape des pieds et des poings. Ou encore, une petite fille de 18 mois qui se cambre dans sa poussette, crie de toute ses forces dans la rue.
Ces scènes, on les a vues, parfois vécues. Dans tous les cas de figures, ce sont des scènes éprouvantes pour la maman et l’enfant. Les neurosciences nous aident à comprendre pourquoi les jeunes enfants réagissent ainsi.
Les caprices n’existent pas
Jetons un pavé dans la mare et disons-le encore et encore : les caprices n’existent pas. Pourquoi ? Car c’est une projection de l’adulte ; c’est-à-dire que l’on transpose un raisonnement d’adulte sur les réactions d’un enfant. Un jeune enfant n’est pas calculateur, ni manipulateur, il ne cherche pas à nuire à un adulte. Il ne fait pas exprès.
Si vous n’avez pas envie de dormir, on en déduit que vous n’avez pas sommeil. Si votre enfant ne veut pas dormir, certains parlent de « caprice ». De même, si vous ne mangez pas, on se dit que vous n’avez pas beaucoup d’appétit. Pour un enfant, on pense de prime abord que c’est un « caprice » ou de la « comédie ». Le caprice est en réalité une manière usuelle de qualifier une réaction qui ne convient pas selon un référentiel qui n’a pas vraiment de sens…
Pourquoi un enfant se met-il dans cet état?
Chez le jeune enfant, les zones cérébrales en charge de la gestion des émotions ne sont pas complètement fonctionnelles. Ceci est lié en partie à l’immaturité du cortex préfrontal qui contrôle les impulsions et les émotions. Le petit enfant n’est donc pas capable de gérer ses émotions avant de l’âge de 5 ou 7 ans.
En attendant cette maturité, l’expression des émotions est proportionnelle au ressenti, sans filtre et sans capacité de se contenir. Se rouler par terre au supermarché pour un paquet de bonbons n’est pas un « caprice », c’est l’expression d’une grande frustration.
Par ailleurs, si on prend le cas d’une petite fille qui ne veut pas prêter sa pelle au bac à sable à un jeune enfant; ce dernier se met dans une colère qui parait disproportionnée. Que se passe-t-il concrètement ? Ce jeune enfant ne sait pas passer à autre chose (j’utiliserai la pelle une prochaine fois), il ne sait pas relativiser (ce n’est qu’une pelle) et il ne peut pas trouver d’alternative seul (j’utilise le râteau à la place). Il n’a pas encore développé ce qu’on appelle la capacité de réévaluation.
Comment gérer les émotions intenses ?
Les punitions, les cris, les menaces sont des réactions communes lorsque l’on v(o)it ces crises, alors que, comme on vient de le voir, le jeune enfant est emporté dans une tempête émotionnelle dont il ne sait pas se libérer. Ces réactions sont donc totalement inadaptées et ne font qu’aggraver la situation.
De quoi le jeune enfant a-t-il besoin ? Il a besoin de l’adulte, de sa compassion et de son empathie pour retrouver son calme.
1. Prendre du recul
Vous savez maintenant qu’il ne réagit pas contre vous. Est-ce la fatigue ? l’ennui ? la faim ? une stimulation excessive ? Ce comportement peut être aussi le moyen pour lui de dire qu’il est temps de cesser de téléphoner ou de regarder l’ordinateur, de discuter avec d’autres adultes au bac à sable ou tout autre activité qui le coupe émotionnellement de vous. C’est sa manière à lui de dire « j’ai besoin d’attention« .
2. Pendant la crise
L’idéal est de garder son calme, s’approcher, le prendre dans ses bras, de parler doucement et de nommer les émotions que le jeune enfant est en train de vivre. Par exemple : « je comprends que tu sois en colère« . Cette simple phrase est magique. C’est exactement comme vous, quand vous ressentez une grande colère ou une frustration. Imaginez si on vous dit « je comprends que tu sois en colère« . Nommer ce que l’on ressent fait du bien. On se sent moins seul(e) dans la tempête et ça va rapidement un peu mieux….
3. Après la crise, expliquer et comprendre
Quand l’enfant est assez grand, vous pouvez revenir avec lui sur ce qu’il s’est passé pour l’aider à comprendre et, à terme, lui éviter de se retrouver dans des situations de souffrance. Les jeunes enfants ont souvent besoin de dormir dans la journée mais ils sont tiraillés par l’envie de découvrir et de ne rien manquer. Il vaut mieux alors tout couper, fermer les rideaux, et se coucher pour se reposer.
Si le supermarché est une épreuve systématique, prévenir qu’on achètera uniquement ce qui est sur la liste ou bien de donner des missions à l’enfant pour l’occuper aide à éviter les crises « bonbons ».